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Inauguration du Temple Pierre Brossolette – Grande Loge de France – GLDF, le 25 juin 2014

Pierre Brossolette , par Alexandre Adler

 

 

Je voudrais d’abord saluer ici la famille de Pierre Brossolette, qui nous fait l’honneur d’assister à cette commémoration, et il est évident que leur présence nous conduit tous à ce recueillement, à cette émotion, qui ne peut pas ne pas nous étreindre en ce moment.

Mesdames, messieurs, mes très chères sœurs et très chers frères, en vos grades et qualité, je m’adresse à vous bien entendu, pas tellement en spécialiste de Pierre Brossolette, je dirai qu’en simple témoin, bien entendu je ne suis pas de la génération de la résistance mais de la génération des enfants, mais témoin de l’aura que le rôle de Pierre Brossolette lui aura valu, pour toute la génération issue de la résistance. Mon père lui-même, qui eut ses responsabilités, m’en a toujours parlé avec une émotion contenue, et considérait qu’il était un des hommes qu’il a été amené à côtoyer dont l’aura, cette espèce de mélange de sobriété permanente et de ferveur, a probablement exercé sur lui une des impressions les plus profondes ; il n’était pas le seul.

Je pense que Pierre Brossolette est certainement l’un des hommes les plus exemplaires, rare par ses qualité, mais exemplaire aussi parce qu’il exprime en lui probablement énormément de choses que la résistance a fait coaguler et qui ont permis à la France de traverser l’épreuve probablement la plus difficile de son histoire récente. Alors, peut-être est-il besoin de commencer par le commencement, et de dire quelques mots de Pierre Brossolette l’intellectuel, l’intellectuel militant, le journaliste, l’analyste de son temps. Car c’est bien ainsi que Pierre Brossolette a commencé à être connu des Français, notamment pas ses éditoriaux du Populaire, et par son engagement d’une très grande continuité contre les accords de Munich et contre la politique de renoncement qui à cette époque recueillait encore malheureusement les suffrages de nombreux Français de bonne foi. Pierre Brossolette est, d’abord et avant tout, l’expression la plus ramassée, la plus concentrée de l’idéal républicain. C’est effectivement très exactement ce que les Jules Ferry et leurs continuateurs avaient souhaité que devienne la France. Un grand père qui plonge ses racines dans le département de l’Aube, dans lequel il commencera son activité politique, et bien entendu une lignée d’instituteurs, un père qui est déjà professeur de l’école d’application de l’Ecole Normale d’Auteuil, et puis lui-même normalien ; ici peut-être si vous me permettez ce coup de patte au passage, j’entends trop souvent dans le populisme ambiant, nous dire que les simples gens, les vrais gens, les gens sans distinction, ont une importance très grande ; loin de moi l’idée de me faire une attitude méprisante à l’égard du peuple ; mais il n’est pas interdit, surtout lorsqu’il s’agit de méritocratie républicaine, de souligner que la résistance a vu aussi venir à elle les meilleurs, les premiers de la classe : le général Leclerc était le major de Saint-Cyr, Jean Cavaillès était sans aucun doute le philosophe le plus doué de sa génération, et Pierre Brossolette était la quintessence du savoir et de la distinction normalienne. Savoir et distinction qui ont été reconnus très tôt puisqu’à l’époque on classait ensemble les scientifiques et les littéraires, et cette année-là Pierre Brossolette fut le cacique général c’est-à-dire le premier de la classe. Un premier de la classe qui n’en a tiré jamais le moindre orgueil, mais qui a eu le sentiment qu’il ne devait pas démériter des leçons de ses maîtres, et je dirais de cette espèce de poussée extraordinaire qui lui vient de sa famille, et qui l’a amené très tôt donc au fait des études classiques françaises de l’époque.

Néanmoins Pierre Brossolette est un impatient ; cet enfant de la guerre de 14, qui voit la France renaitre mais combien difficilement, et qui est totalement fidèle aux idéaux de ses parents et de ses grands-parents, songe que au fond la carrière publique et notamment le journalisme où ses qualités évidentes, rapidité du style, esprit de synthèse, connaissance profonde, vont trouver assez vite à s’exprimer, Pierre Brossolette donc, néglige l’université qui lui tendait les bras pour devenir journaliste. Une condition certainement plus humble que celle qui lui était réservée au départ, comportant ses risques de la vie économique, mais aussi les risques d’une position polémique, une position toujours en avant de l’opinion, et des risques qu’il assume avec vaillance.

Radical au départ, comme l’était sa famille, il est séduit par la grande personnalité de Léon Blum, qui va l’appeler, comme on l’a rappelé, à la rédaction du Populaire, et c’est donc à l’ombre de Léon Blum et dont il partage l’essentiel des idéaux que Pierre Brossolette s’épanouit au tournant des années 1920 – 1930, c’est là précisément où il trouvera sa place dans la franc-Maçonnerie, de la manière je dirai la plus complémentaire et la plus naturelle.

Et puis, Pierre Brossolette commence à devenir un personnage national, évidemment qu’il n’est pas parmi les premiers personnages de la gauche, mais en tout cas quelqu’un qui est connu et apprécié pour son courage et sa détermination, j’ai évoqué ici son combat immédiat contre les accords de Munich, contre lesquels il se dresse, comme un certain nombre de personnages que nous retrouverons, comme par hasard, dans la France libre et dans la résistance. Peut-être que cette entrée dans la résistance précoce peut être datée de ce moment de novembre 1938, où Daladier arrive sur l’aéroport du Bourget, écrase sa cigarette et murmure du coin de ses lèvres « les cons » devant la foule qui l’acclame pour avoir sauvé la paix. Eh bien, Pierre Brossolette n’a jamais pensé que le peuple était con, bien au contraire, mais en revanche il a pensé qu’il y avait beaucoup d’imbéciles et quelques traitres qui s’étaient faufilés et avaient fait accepter à la France ce qui était l’inacceptable. Sa résistance commence là, et bien entendu aussi, sa volonté avec la petite librairie dans laquelle il s’installe après la défaite, pour avoir les moyens indépendants et faire face à une répression qu’il juge imminente, de continuer à éclairer ses compatriotes, ses lecteurs, tous ceux pour lesquels déjà son nom n’est pas totalement inconnu.

Et puis l’engagement, le résistant. Cet engagement, je l’ai dit, est une suite absolument logique de son engagement politique, et je dirai de son engagement moral. Il est absolument logique parce que jamais Pierre Brossolette n’a dissocié l’analyse de l’action, jamais il n’a trempé sa plume dans une tisane apaisante, et il n’a jamais non plus eu la moindre hésitation à croiser le fer et à engager des polémiques quand il le jugeait nécessaire. Quand on lit les articles de cette époque d’ailleurs, une polémique qui n’est jamais personnelle, cet homme ignorait la méchanceté, ignorait la bassesse, ignorait les coups bas, qui notamment se donnaient libre cours dans la presse d’extrême droite, mais en revanche la fermeté de sa pensée est frappante. Et de la pensée à l’action, il y a un rapport nécessaire qui est justement celui que toute cette génération intellectuelle juge comme naturel. Alors évidemment, intellectuel il va entrer dans la résistance avec d’autres intellectuels, dans cet étrange mouvement pathétique à souhait et aussi porteur de tant d’espoir qui s’appelait le petit mouvement du musée de l’Homme, vite décapité par les Allemands, qui au départ nait de deux grands intellectuels d’origine russe, Boris Vildé et Anatole Lewinsky, tous les deux bien sur tombés au champ d’honneur, et qui à partir de justement leur position d’ethnologues au musée de l’Homme, vont commencer à recruter autour d’eux : Germaine Tillon qu’on a honorée au côté de Pierre Brossolette a fait partie brièvement de ce mouvement avant de connaitre la déportation à Ravensbrück, Pierre Brossolette ne fera qu’un passage éclair dans ce mouvement mais c’est le début de son entrée dans la résistance et déjà les textes qu’il écrit montrent toute la lucidité qu’il met dans cet engagement, il pense qu’il y a beaucoup trop d’amateurisme, qu’il y a une trop grande continuité entre l’action politique telle que la démocratie la favorisait, et l’action clandestine qui demande d’autres qualités, une résolution peut être plus grande, plus forte, et certainement aussi la soumission à des règles formelles qui ne sont pas celles du temps de paix. Donc au fond c’est ce premier texte de Pierre Brossolette, est déjà la préparation de ce qui va venir par la suite, c’est-à-dire son ralliement direct au général de Gaulle, le franchissement de la Manche et beaucoup plus encore que cela, son entrée dans la France libre, et son intégration au côté de son ami le colonel Passy, dans ce qu’on appelle le BCRA, le Bureau Central de Renseignement et d’Action, service secret de la France libre, devenu sur le modèle du SOE britannique, un service d’action de plus en plus important sur le territoire national. Pierre Brossolette va inspirer de ses pensées une grande partie de la philosophie spontanée de ce BCRA, un homme comme le colonel Passy lui rendra hommage toute sa vie, mais en même temps cet homme qui veut de l’action et qui considère que le devoir des chefs est justement de s’exposer plus que les autres, ne cessera de faire des pétitions et des représentations tant au colonel Passy qu’au général de Gaulle pour qu’il lui soit permis de se rendre en France occupée pour y remplir des missions.

Suicidaire, non ! Je crois que jamais la personnalité de Pierre Brossolette ne faisait une place au suicide ou au sacrifice. C’était une idée qui lui était étrangère, toute sa formation humaniste répugnait à cette idée, en revanche, ce qui est très différent, il était prêt à prendre tous les risques et il les assumait, ce qui n’est peut-être pas tout à fait la même chose. Et il savait que l’ombre de la mort était descendue sur ses épaules, du jour où il avait accepté ces missions clandestines à haut risque. Et c’est évidemment l’honneur d’un intellectuel comme Pierre Brossolette d’avoir montré que l’action et la pensée étaient indissociables. Je le dis parce que, peu de temps avant sa dernière mission en France occupée, qui se terminera dans les conditions que l’on sait, il a prononcé des discours en Angleterre absolument fondamentaux, pour fonder je dirai la pensée de la résistance ; notamment un célèbre discours à l’Albert Hall qui lui sera reproché de par de nombreuses parts, et qui au fond va être l’élément de clivage qui l’oppose à un homme pourtant aussi semblable que lui, Jean Moulin. Peut-être un mot parce que on a beaucoup, après avoir mis le boisseau sur cette affaire, exagéré l’opposition de Jean Moulin et de Pierre Brossolette, essayé même de faire deux positions absolument incompatibles au sein d’un seul mouvement, la résistance. C’est évidemment intenable. Ce qui frappe le plus lorsque l’on prend un peu l’avantage de la rétrospection, c’est de voir combien Pierre Brossolette et Jean Moulin sont des frères jumeaux ; et on sait bien qu’entre frères jumeaux c’est souvent comme cela que ça se passe mal, mais en tout cas rien ne rapproche plus Jean Moulin que Pierre Brossolette. Jean Moulin est un brillant étudiant en droit, qui lui aussi est un promu de cette école républicaine, son père était Vénérable de la plus importante loge du Grand Orient à Bézier, lui-même a baigné dans cette culture maçonnique et républicaine, il n’avait pas le temps, lui aussi était un impatient, de se faire initier, de participer à la vie sur les colonnes, mais il se considérait quand même de la famille maçonnique, et les premières recrues qu’il commence à faire en France occupée, tout de suite après avoir été révoqué de la préfectorale par l’administration de Vichy, sont des Francs-Maçons, parfois proches de son père. Donc il y a une grande similitude culturelle, il y a aussi une grande similitude politique, aussi bien Jean Moulin que Pierre Brossolette se distinguent pas la vigueur de leur opposition aux accords de Munich, et aussi leur condamnation sans appel du pacte germano-soviétique, avec probablement plus de regret chez un Jean Moulin, qui sous l’influence de Pierre Cot croyait à l’évolution du parti communiste que chez Pierre Brossolette, mais les convictions sont exactement les mêmes et aussi la décision, pour l’un comme pour l’autre, de gagner Londres et de se mettre au service du général de Gaulle. Donc comment parler ici d’une opposition elle est minime. Jusqu’à ce qu’effectivement, on arrive à la question de l’organisation de la résistance, dans les années 43 et 44 qui sont les années décisives. Et là effectivement, ils ne pensent pas tout à fait la même chose. Pierre Brossolette, lui, a idée qu’est né dans la résistance un creuset d’une force extraordinaire, quelque chose de nouveau, d’absolument nouveau qui donne son congé aux anciens partis de la 3ème République, et qui doit donc émerger autour du général de Gaulle comme une force de rénovation permanente de la société française, non pas contre comme on l’a dit, mais à côté d’un Parti Communiste pour lequel il n’a aucune antipathie, il a un peu d’ironie normalienne puisqu’il a baptisé le réseau avec lequel il est en contact de fanas, à la fois des fanatiques certainement, mais enfin c’est les fanas tels que les voient les normaliens, c’est-à-dire avec un ironie plutôt bienveillante. Donc en effet, Pierre Brossolette n’a jamais voulu construire une machine de guerre contre le parti communiste, par contre il pensait que la page de la 3ème République et de ses anciens partis était tournée. Et Jean Moulin, en préfet, lui ne pensait pas cela : il pensait au contraire que, comme on fait de la poussette au tour de France pour certains coureurs qui ne sont pas tout à fait capables de monter les cimes, et bien il fallait faire de la poussette avec tous ces vieux partis, le Parti Radical, la Fédération Républicaine, l’Alliance Démocratique, donner le sentiment aux Français que ces partis existaient toujours, leur faire une place dans un conseil national de la résistance avec les mouvements de résistance nés de l’occupation et du régime de Vichy, et donner à cet ensemble un peu le statut de ce qu’étaient les assemblées des tribus gauloises, qui devaient procéder par acclamation, acclamation du général de Gaulle, cela va sans dire. Nous sommes au moment où le général Giraud n’a pas désarmé, n’a pas cessé de vouloir prendre la tête de la France combattante et le plébiscite de toute la résistance intérieure va être organisé comme l’on sait par Jean Moulin, donc au bénéfice du général de Gaulle et au sacrifice de sa vie. Alors, il y a cet épisode raconté par le colonel Passy dans ses mémoires, où les deux hommes sont face-à-face et s’injurient réciproquement, mais comment penser que ces injures sont fondamentales, les deux hommes sont jeunes, ils ont le sentiment de la gravité de ce qu’ils traversent, ils savent l’un comme l’autre que l’ombre de la mort plane sur eux, et donc ils ont cette impatience qui a toujours caractérisé la démarche de l’un comme de l’autre. Impatience ne signifie pas la haine, et bien entendu on peut aujourd’hui, et c’est même la moindre des choses, unir l’image et le souvenir de Pierre Brossolette à celui de Jean Moulin.

Il me reste un point quand même que je voudrais soulever ici, et qui nous concerne si nous voulons dire au premier chef, la Franc-Maçonnerie. Je le dis d’autant plus que je suis ici juge et partie, étant moi-même Franc-Maçon, ou plus exactement, comme nous le disons dans nos rites, mes frères me reconnaissent pour tel. Eh bien, il n’y a pas du tout un aspect anecdotique dans cet engagement maçonnique que, au fond, Pierre Brossolette a contracté à la sortie des études et de la jeunesse, mais à un moment où il est encore un très jeune homme. Et qui fait partie intégrante de sa conception du monde. Laquelle ? Et bien Pierre Brossolette, bien sûr, a appris de son initiation maçonnique toute sorte de choses amusantes, divertissantes, intéressantes et parfois profondes, qui font le charme de la vie maçonnique qu’il n’a jamais répudiée, mais il a appris aussi quelque chose de plus profond : il a senti que, dans les colonnes du temple où nous l’évoquons aujourd’hui, quelque chose battait du pouls de la République et de l’Europe, de la civilisation européenne qui était attaquée en son cœur par le projet nazi. Et il a pensé que faisant partie de la Franc-Maçonnerie, il restait fidèle à la leçon de ses parents et de ses grands-parents : c’est quelqu’un qui n’est pas dans la révolte contre le père comme l’ont été tant de jeunes gens à la sortie de la guerre de 14, il sait ce qu’il doit à la génération précédente, et il veut la suivre et la continuer. La continuer, mais aussi bien sûr tout en la continuant avec la plus grande fidélité, la démentir. Pourquoi ? Parce que Pierre Brossolette, comme toute sa génération, a été le témoin de l’affaiblissement et de l’abaissement des idéaux de la 3ème République : affaires, affairisme, scepticisme, manque de ferveur, c’est de cette époque que l’ancienne maxime « ha comme la République était belle sous l’Empire », est devenue un proverbe accepté de tous, eh oui, c’est vrai la République c’est Jean Moulin, capable de se suicider plutôt que de signer un texte mensonger, que ses geôliers allemands veulent lui imposer lorsqu’il est préfet de Chartres, contre nos tirailleurs sénégalais qui s’étaient battus avec héroïsme pour les couleurs de la France. Pierre Brossolette est exactement de la même trempe, et je pense au cri du député Baudin qui a tellement frappé Victor Hugo : « Oui, je vais vous montrer comment un député peut mourir pour cent sous », parce que déjà à l’époque, les insinuations sur le parlementarisme corrompu, qui appelait nécessairement le régime de Napoléon III, sur les approximations de cette démocratie d’assemblées qui n’était pas parvenu à transformer la France, et bien s’est répercuté pendant toute la jeunesse de Pierre Brossolette. Et dans son engagement maçonnique comme dans son héroïsme ultérieur qui est dans la droite ligne de cet engagement, celui d’Egmont, et bien il y a ce cri : « Je vais vous montrer comment on peut mourir pour cent sous. ». Oui, parfaitement, vous nous avez présentés comme des affairistes, des magouilleurs, des fanatiques de l’action ministérielle, je n’ai jamais été député, je n’ai jamais été ministre mais je suis capable de  mourir pour la France, et de mourir pour la République, et je vous en donne, par mon sacrifice, l’image telle que Goethe l’a rendu immortelle pour le sacrifice d’Egmont. Oui, la liberté vaut bien qu’on lui sacrifie la vie. Non pas pour se suicider, mais par amour de la vie, par exaltation de la vie, qui sont toutes ces valeurs maçonniques qui lui ont été inculquées bien sûr au berceau, par des ancêtres qui l’étaient déjà Francs-Maçons, mais qu’il a ensuite voulu élaborer, pour son compte propre, pour sa réflexion, et où il a puisé à la fois cet amour de l’humanité, ce respect des autres, et ce courage indomptable, qui sont ce qui unit pour nous l’image de Pierre Brossolette. Je suis fier d’être Franc-Maçon, et je suis encore plus fier que Pierre Brossolette ait été Franc-Maçon , ce Franc-Maçon là que nous honorons aujourd’hui.