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Lionel Jospin au colloque « Pierre Brossolette »

Ci-dessous quelques extraits du discours prononcé par Lionel Jospin sur Pierre Brossolette pendant le colloque à L’Assemblée nationale:

(…) C’est un honneur pour moi que d’être invité à saluer la mémoire d’un homme qui impressionna tous ceux qui le connurent par son intelligence, sa culture, son talent d’expression et d’écriture. Les qualités morales, les vertus civiques, les convictions républicaines, l’indépendance d’esprit, le courage physique et, dans le moments ultimes, le sacrifice consenti de sa vie ont donné à Pierre Brossolette la figure du héros.

Je voudrais pourtant mettre en lumière quelques aspects de la personnalité de Pierre Brossolette qui, aujourd’hui encore, m’intriguent et me captivent.

Comment ne pas être saisi par le contraste qui s’impose entre les certitudes qui ont accompagné sa vie – l’attachement à la République, la conviction  socialiste, le rejet des totalitarismes, l’admiration pour le général de Gaulle – et l’indétermination du destin qu’il aurait fait sien (particulièrement au plan des choix politiques) s’il avait été avec nous après la guerre. C’est pourquoi l’on doit s’identifier à Pierre Brossolette mais on ne peut récupérer son nom, de façon partisane.

Sans doute parce que Pierre Brossolette était lui-même fait de contrastes. Il était passionnément républicain mais critiquait férocement les mœurs de la IIIe République. Il était socialiste (et admirateur de Léon Blum) mais s’était éloigné des notables de son parti. Il était gaulliste (au sens qu’il jugeait le chef de la France Libre irremplaçable pour incarner la France résistante). mais il était rebelle à sa façon de manier les hommes. Il était pour la paix mais il avait été anti-munichois et il menait la guerre de l’ombre. Il appartenait — par ses études brillantes, sa formation, sa réputation éclatante d’ éditorialiste — à l’élite intellectuelle de son pays mais il pensait que les élites avaient failli avant et après 1940 et son affection allait au peuple et aux humbles. C’était un homme de pensée mais il s’était mué en organisateur, par exemple pour travailler à la constitution du Conseil National de la Résistance. C’était un être libre mais qui savait que, pour remporter la victoire sur le totalitarisme, il fallait se fondre, sans se renier, dans des mouvements collectifs (…)

Il nous fait nous souvenir que le Résistance n’était pas aseptisée et qu’il importe de ne pas l’embaumer. (…)

C’est pourquoi, présent dans nos esprits et nos coeurs, il serait juste qu’il entre au Panthéon de notre République. »

Pour lire le discours en intégralité, cliquez ici.

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