L’évidence républicaine, par Mona Ozouf
Lors du colloque « Pierre Brossolette », l’historienne Mona Ozouf est intervenue à deux reprises: la première pour aborder la vie de Pierre Brossolette sous un angle que la co-auteure de La république des instituteurs connaît bien, celui du contexte familial et historique qui en a fait un « républicain de naissance »; la seconde, pour clôturer le colloque en soulignant la cohérence exemplaire de son parcours et le caractère d’évidence de sa panthéonisation d’un point de vue historique. Ci-dessous deux extraits:
Intervention de Mona Ozouf: « Pierre Brossolette et l’héritage Républicain »
(…) En achevant cette analyse des idées de Pierre Brossolette avant ses années résistantes, je me garderai de prolonger le trait et de soutenir qu’elles menaient nécessairement aux choix héroïques qu’il a faits. Par méfiance pour la causalité linéaire d’une part ; et d’autre part pour savoir que ces choix sont aussi le fruit de tout ce qu’une existence humaine charrie d’inattendu et d’intempestif. Mais en espérant pourtant les avoir éclairés. Les excellents biographes de Pierre Brossolette ont souligné à juste titre tout ce que son itinéraire a pu comporter d’hésitations et d’incertitudes. Mais il me semble parfois qu’ils ne les confrontent pas assez au spectacle de gigue effrénée que donnent les intellectuels de cet entre-deux guerres. (…) Au regard de ce théâtre convulsif, où battent les portes des partis politiques, où sur le seuil les renégats qui s’en vont croisent les convertis qui entrent, où les adoubements succèdent aux excommunications, le parcours de Pierre Brossolette, analyste inquiet mais convaincu que la liberté n’est pas négociable, me semble d’une cohérence exemplaire.
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Conclusion du Colloque
(…) Dans la journée que nous venons de vivre ensemble, si riche de voix diverses et pourtant concordantes, tout a contribué à donner au transfert des cendres de Pierre Brossolette son caractère d’évidence. En sa personne, tous les réquisits de l’élection au Panthéon se trouvent miraculeusement réunis : la grandeur héroïque du combattant patriote ; l’engagement républicain de l’intellectuel ; le talent de l’orateur et la lucidité de l’analyste ; l’enthousiasme allié à l’intelligence critique. Enfin, plus que tout autre trait sans doute, la valeur principale accordée à la liberté. Pierre Brossolette a incarné l’idée que l’honneur des hommes est de vivre pour la liberté ; et aussi de mourir pour elle s’il le faut, malgré l’indicible souffrance, et sans le moindre espoir pour soi-même. Je vous laisserai donc sur cette question : y a-t-il un titre plus éclatant à la reconnaissance de la patrie ?
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