Les espions du général De Gaulle – Missionnés par de Gaulle, le colonel Passy et Pierre Brossolette ont uni la Résistance au mépris du danger. Leurs petites-filles témoignent.
Passy et Brossolette, des modèles d’engagement pour le monde de demain
Les Espions du Général
À l’occasion des 80 ans de l’appel du 18 juin, Sylvie Pierre-Brossolette et Marie Dewavrin, petites-filles de Pierre Brossolette et d’André Dewavrin, dit colonel Passy, sont à l’initiative d’un documentaire produit par Capa et diffusé ce 18 juin sur France 3.
Les Espions du Général reviennent sur la naissance du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) en juillet 1940, l’ancêtre de l’actuelle DGSE. Il raconte surtout un épisode héroïque et méconnu de la Seconde Guerre mondiale : la mission Arquebuse-Brumaire, qui a contribué à la préparation du Débarquement et à la création du Conseil national de la Résistance, qui allait façonner la France d’après-guerre. La crise actuelle où chacun cherche des repères nous rappelle combien il est important de promouvoir des valeurs universelles d’engagement qui doivent être au cœur du monde d’après.
C’est une histoire d’hier, bien sûr, mais aussi d’aujourd’hui. L’épopée des services secrets de la France libre nous parle de courage, d’héroïsme, de liberté et de prise de risques. Autant de valeurs universelles qui doivent marquer le monde de demain, comme elles ont pu guider un duo de résistants aussi différents que complémentaires, un militaire polytechnicien de 30 ans et un journaliste normalien de 40, dont l’amitié et la complicité intellectuelle et personnelle furent indéfectibles.
Le colonel Passy, qui créa de toutes pièces en 1940 le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), ancêtre de l’actuelle DGSE, et Pierre Brossolette, brillant militant de la résistance au nazisme, qui donna sa vie pour ne pas parler, sont des exemples de l’engagement nécessaire face à l’ennemi, qu’il soit visible ou invisible, militaire ou sanitaire, moral ou économique. L’incroyable mission accomplie début 1943 par les deux chefs du BCRA, le colonel Passy et Pierre Brossolette, dans un Paris occupé aux mille dangers, reste mythique dans l’histoire de la Résistance par l’ampleur des résultats obtenus en quelques semaines, sur le plan tant politique que militaire. Pour l’historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « la netteté polytechnicienne de Passy et son talent pragmatique d’improvisation se conjuguent avec la rigueur d’analyse et la chaleur de conviction de Brossolette. Jamais, sans doute, dans l’histoire de la guerre clandestine, esprits aussi clairs n’auront été aussi efficacement jumelés ».
Le général de Gaulle a pu revenir dans son pays la tête haute
Tandis que Passy s’occupait du volet militaire en inventoriant les réseaux de renseignements et en mettant en place des centrales de transmission, Brossolette se chargeait du volet politique en prenant contact avec les chefs des principaux mouvements de résistance en zone nord. Tous deux, au péril de leur vie, ont permis à un général de Gaulle en difficulté de légitimer son action vis-à-vis des alliés en unifiant les mouvements autonomes et rebelles de la zone nord, en les amenant à soutenir le chef de la France libre et en les persuadant d’accepter la présence des anciens partis qu’ils rejetaient au départ mais dont la participation était nécessaire aux yeux des alliés. Après le travail réalisé par Jean Moulin en zone sud, unifier la zone nord occupée était un enjeu crucial. Le succès de cette mission périlleuse a ouvert la voie à la création du Conseil national de la Résistance, dont le programme constitua le socle de la France d’après-guerre.
La mission Arquebuse-Brumaire, nommée d’après les pseudos de nos deux grands-pères, a contribué à un redressement de la France dans l’honneur. Le général de Gaulle a pu revenir dans son pays la tête haute. Il avait nommé les deux hommes compagnons de la Libération et loué leur courage et leur action déterminante. Comme le dit de Gaulle dans le documentaire : « La mission que j’ai confiée à Passy et Brossolette était vitale et elle était périlleuse. Ils s’en sont acquittés avec brio et avec un total mépris du danger. Grâce à eux, l’union des Français face à l’envahisseur a fait un grand pas en avant. »
Agir et non subir
Le colonel Passy, André Dewavrin, a poursuivi juste après la Libération l’animation des services secrets, qui fonctionnent toujours selon le modèle qu’il avait conçu et dirigé pendant la guerre, appuyé vigoureusement par son second et ami Brossolette. Ce dernier est, hélas, tombé aux mains de l’ennemi lors d’une dernière mission, et repose désormais au Panthéon.
Passy et Brossolette font partie de cette poignée d’éclaireurs qui ont créé les services secrets de la France libre, dont le rôle a été déterminant dans la libération de la France. William Donovan, chef des services secrets américains, écrira à Franklin Roosevelt le 6 avril 1945 : « Le BCRA a fourni aux armées américaine et britannique 80 % des renseignements ayant permis le débarquement en Normandie. »
Le Point – 18/06/2020- Documentaire « Les espions du général » De Gaulle
www.lepoint.fr/debats/passy-et-brossolette-des-modeles-d-engagement-pour-le-monde-de-demain
Les Espions du général De Gaulle – Voir aussi : Documentaire-sur-passy-et-brossolette-et-leur-mission-secrete-arquebuse-brumaire